oreilles et Valsalva

Passer « les oreilles » ou la manoeuvre de Valsalva

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Valsalva, un nom étrange… Qui reflète une notion combien importante en plongée !

Combien de plongeurs ont fini aux urgences car ils n’ont pas accompli cette manoeuvre, ce geste simple qui permet de vous préserver a minima des bourdonnements désagréables, au pire d’une perforation du tympan !

De la simple sensation d’oreille bouchée, en allant à des otites à répétition, d’une inflammation du conduit auditif externe générant parfois même des pertes auditives, plusieurs soucis auditifs peuvent survenir en plongée. La pression d’air agit sur nous et nos oreilles. Et pourtant otites chronique, vertiges, hyperpression, problèmes ORL divers peuvent être évités avec cette manoeuvre simple qu’on vous apprend dés vos débuts…

La plongée peut engendrer des « bobos » ou des lésions plus sérieuses aux oreilles 

 Il convient donc de bien se connaître et de bien connaître les procédures vous permettant d’éviter l’hyperpression, les soucis respiratoires pouvant en découler, et d’éviter d’avoir à aller faire un tour aux urgences pour poser un diagnostic. La manoeuvre de Valsalva  fait partie de l’arsenal pour éviter des soucis liés à la pression d’air.

De quoi s’agit-il ? 

Le « passage des oreilles »… De nombreux débutants ne franchissent pas ce cap.

La première fois qu’on vous parle de « passer les oreilles » (ou de l’équilibrage des oreilles), croyez-moi vous regardez d’un air perplexe et méfiant votre interlocuteur… C’est pourtant une étape primordiale dans l’apprentissage de la plongée (avec la flottabilité, mais j’y reviendrai).

Je m’explique : quand on descend de quelques mètres sous la surface de l’eau il est fréquent que vos oreilles se bouchent, et si vous insistez et continuez à descendre, il n’est pas rare qu’une violente douleur prenne également possession de votre conduit auditif, de votre tympan.

Les moniteurs de plongée vous expliquent donc qu’il faut, tout en descendant, se boucher le nez et souffler dedans pour compenser la pression qui s’exerce sur vos tympans, les libérer en quelque sorte. C’est essentiel et dans des cas particuliers, cela peut même être pour certains une cause d’abandon, car malgré cette procédure, des personnes continuent d’avoir mal.

Cette manœuvre, qui porte le nom de son inventeur, Antonio Maria Valsalva, un médecin italien du XVIII ème siècle, permet d’équilibrer la pression à l’intérieur des oreilles. C’est la manoeuvre de Vasalva.

C’est un geste que connaissent bien les plongeurs aguerris (et croyez moi sur parole, on y pense plus en pratiquant, elle relève du réflexe)… Il permet de compenser l’augmentation de la pression sur les tympans et il est conseiller de la pratiquer dés que l’on descend, que ce soit douloureux ou pas, pour anticiper la douleur précisément.

En quoi consiste la manoeuvre de Valsalva ?

Le pavillon, le conduit auditif, la fine membrane, c’est ce qui forme le tympan et qui sépare l’oreille externe de l’oreille moyenne. L’oreille moyenne est reliée au pharynx par l’intermédiaire de la trompe d’Eustache.

Au cours d’une descente en plongée, sous le poids de l’eau, la pression à l’extérieur de l’oreille va augmenter et va comprimer l’air contenu dans l’oreille moyenne. En diminuant de volume, cet air va tirer sur le tympan, ce qui entraîne une gène. Il faut alors équilibrer les pressions dans l’oreille avec cette fameuse manœuvre de Valsalva. En pratique, on se pince le nez et on souffle doucement, bouche fermée, comme si on voulait se moucher.

Ce geste va forcer l’ouverture de la trompe d’Eustache et de l’air va passer dans l’oreille moyenne, ce qui permet d’égaliser les pressions. C’est ce qui passe naturellement quand on baille ou que l’on déglutit.

En principe, pour éviter les barotraumatismes, le plongeur doit faire cette manœuvre tous les mètres, surtout au début de la descente. 

Cette procédure (la manoeuvre de Valsalva) est à répéter plusieurs fois pendant la descente jusqu’à un moment où la douleur disparaît. Je m’empresse de vous dire qu’elle n’est pas systématique. Nombreux aussi sont ceux qui n’ont aucune difficulté à franchir cette étape.

Malgré ce, il faut toujours « compenser », même si on n’a pas mal pour éviter que la douleur ne survienne de manière inopinée. Il faut ménager vos tympans. 

 

En pleine Valsalva

 

Lors de la remontée, à condition qu’elle ne soit pas trop rapide, l’excès d’air parvient toujours à s’évacuer spontanément et ne nécessite pas de geste spécifique.

La manoeuvre de Valsalva est donc à proscrire lors de la remontée

Important ! Pourquoi ? Car les pressions s’équilibrent naturellement. 

Elle peut créer un barotraumatisme de l’oreille interne avec risque de surdité, une surpression pulmonaire ou encore un accident de décompression avec conséquences neurologiques graves si des bulles d’azote passent d’un côté du cœur à l’autre et gagnent directement la circulation artérielle en évitant les poumons (voir la pathologie du foramen ovale en plongée aggravée par les manœuvres de Valsalva). Une lésion de l’oreille externe, un traumatisme peuvent même conduire dans les cas graves à une hospitalisation.

D’où, règle absolue, pas de manoeuvre de Valsalva pendant la remontée.

En principe, à la remontée, les oreilles s’équilibrent toutes seules. L’orifice de la trompe d’Eustache au niveau de l’oreille moyenne est rigide et ne peut donc s’aplatir. Parfois, très rarement, surtout si l’on plonge en ayant les fosses nasales bouchées, du mucus peut légèrement obturer l’orifice. On peut avoir l’impression d’oreille bouchée… Mais le plus souvent les choses reviennent rapidement en ordre.

À la remontée, si les oreilles « ne passent pas » (à cause du mucus), l’oreille moyenne est en surpression par rapport au milieu extérieur. Le tympan va s’incurver vers l’extérieur. En faisant une manoeuvre de Valsalva, cela va introduire une pression supplémentaire dans l’oreille moyenne et, en réalité, aggraver le problème, entraîner des complications. Soyez attentifs en cas de rhume. Si vous toussez, êtes enrhumés, mieux vaut parfois différer la plongée le temps d’un traitement médical adapté ou d’une petite consultation en médecine. 

Soigner vos oreilles, faire de la prévention, surtout bien expirer et souffler en remontant sont les seules bonnes choses à faire.

 

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Une autre solution, complémentaire…

Quand cela persiste malgré tout, une autre méthode consiste à remonter d’un mètre ou un peu moins et de redescendre. Les oreilles qui ont fait de la résistance lors d’une première tentative peuvent tout à fait passer de manière totalement indolore la deuxième fois.

Pour moi au début il était fréquent que je ressente parfois une gêne, un commencement de douleur. J’ai alors scrupuleusement appliqué les consignes. Et de plongées en plongées, cette dernière est allée decrescendo et a fini par disparaître totalement. 

Je souhaitais donc vous en faire part, amis débutants, témoigner et vous faire profiter de ce retour d’expérience, car je suis convaincue que sauf exception, la pratique viendra en quelque sorte « entraîner et muscler » vos conduits auditifs et les rendre moins récalcitrants, plus dociles à la pression de l’eau en descendant. 

Voici donc une note d’espérance pour ceux qui trop vite ont jeté l’éponge et qui aimeraient retenter l’expérience…

Suivez-moi pour d’autres articles sur d’autres écueils qui peuvent venir freiner votre progression dans l’apprentissage de la plongée… 

 

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  • […] La manœuvre de Valsalva fait partie des bases pour éviter des soucis liés à la pression d’air. Pour en savoir plus, vous pouvez suivre les conseils avisés dans le bon article du blog de plongée « Dans nos Bulles ». […]

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  • […] et sa faune. Vous y trouverez l’épave du Liban aussi, parfait refuge pour les poissons.
La manœuvre de Valsalva est un geste que les plongeurs connaissent […]

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  • Merci beaucoup à vous tous. J’ai 67 ans et je vais replonger en mars prochain. J’ai commencé à 63 ans mais assez peu et avec de longues périodes sans plonger. Et je me demandais si je n’allais pas abandonner mon projet de mars justement à cause de ce problème d’oreille mais on m’avait dit d’attendre d’être à moins 2 mètres pour commencer la valsalva ! Vous renforcez donc ma motivation à reprendre la plongée ! Bonne année à vous avec de belles plongées.

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  • Je rejoins tout à fait Philippe. Une fois dans l’eau, un (petit) coup de Walsalva en surface juste avant l’immersion me met l’oreille interne en légère surpression, ce qui s’équilibre tout seul à 3-6m sans douleur. Il faudra peut-être recommencer un peu plus bas (12-15m), mais c’est beaucoup moins violent (Mariotte) et donc accidentogène – pour le 2ème coup, une simple déglutition (toynbe) et/ou un mouvement latéral de la mâchoire suffit souvent.
    PS : Avant ça il m’est arrivé d’attendre plus de 3 ou 4 minutes à 7-8 m avant de descendre (même en remontant d’1 m), voire de mettre un terme cause de la douleur.

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  • Merci beaucoup pour ton site que je découvre et parcours avec intérêt. J’ai eu effectivement ce problème lors de mes plongées en initiation. J’étais enrhumée et je n’ai pas réussi à bien déboucher mon nez, je me suis vraiment abîmée les tympans. J’ai testé la technique de monter et descendre d’un mètre et ça a été beaucoup plus efficace effectivement.
    Je retenterai la prochaine fois de réussir ma valsalva car ça m’embêterait d’abandonner la plongée à cause de ça…

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    • Je suis sûre que tu n’auras pas à le faire… Les oreilles s' »habituent » et d’ailleurs la manoeuvre de Valsalva devient vraiment un automatisme au fil du temps. Heureuse que le blog te plaise. Il y a plein d’articles sur les débuts en plongée, avec quelques conseils que j’espère utiles. Et pour cause les miens sont sommes toute sassez récents. Bravo pour ton blog aussi :)!

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  • La remontée d’un mètre permet de soulager un peu les oreilles, ensuite faire une valsalva.
    Mais pour éviter tout problème d’oreille, faire une valsalva dès que l’on a la tête sous l’eau de quelques centimètres. Ensuite, la faire dès que l’on ressent une légère gêne. Il ne faut pas forcer les oreilles… Les problèmes d’oreilles viennent aussi du stress. Plus on à peur d’avoir mal, moins on a de chance de les passer.

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  • oui tu as raison Anne je voie pour qui pratique l apnée des fois la peur et la crainte l emporte a lors continue et bravo bisous gilles !!

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