crabe

Je hais le crabe… mais pas celui des mers, l’autre!

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Je hais le crabe.  

Pas le crustacé, l’autre! Celui qui nous enlève des êtres chers, celui qui nous menace chaque jour. 

J’écris cet article aujourd’hui comme je me confesserais. J’ai besoin d’extérioriser ma peine, ma peur, mes angoisses. J’écris à mon journal intime que je partage avec vous, amis de « dansnosbulles » parce que ça fait du bien. Parce la pudeur est parfois belle, mais parfois stérile aussi, et n’aide pas à expurger ses ressentis, ses peines et ses douleurs. 

Je hais le crabe et j’en ai peur.

Il m’a pris un collègue, un ami cette nuit. Il en a déjà pris tant!

Le crabe, et l’ombre qu’il fait planer sur nous, me poursuit depuis que je suis toute petite.

Normal, mon père est cancérologue, j’ai entendu parler de cette abominable maladie qui revêt tant de formes qu’on ne sait jamais de laquelle il s’agit, toute mon enfance, depuis toujours en somme.

 Mes deux grands mères ont eu des cancers, mes deux grands- pères aussi.

Ma mère aussi. Et moi aussi. On s’en est remise, grâce à Dieu, à la médecine, au destin, aux trois?

Moi, c’était en Octobre 2015, au retour d’un beau voyage plein d’amour, de joie et de soleil… Une saleté de mélanome. Pris à temps et enlevé de ma chair par des « sauveurs ».

Depuis je vis chaque jour comme le dernier, des bulles permanentes d’oxygène entre deux contrôles tous les six mois, sans plus aucune peur quotidienne, que celle de voir cette ignoble maladie revenir ou prendre l’un des miens.

« Arrête, ça ne sert à rien, c’est le patrimoine génétique (oui parlons- en!), l’alimentation, le destin, oui je sais!! »

Plus que la mort elle- même, ce qui me terrorise est la déchéance. La dépendance. Et le fait que quand on est malade on ne fait plus vraiment partie du quotidien et du paysage des gens, des autres, les personnes en bonne santé. On s’efface. Comme quand on vieillit d’ailleurs. Le temps s’arrête, le regard change, vous devenez un « malade », un être en sursis, et c’est une sorte de réflexe atavique de survie pour ceux qui vont bien, je le conçois et les comprends, pas de jugement dans mes propos.

Pourtant, d’une certaine manière, elles sont en sursis aussi. Mais n’en sont sans doute pas assez conscientes, concentrées qu’elles sont sur d’autres choses, d’autres priorités, d’autres plaisirs, d’autres enjeux ou d’autres soucis. On les voit « prendre du champ »…

Ou c’est peut- être faux, et c’est juste votre vision « de malade », parce que le soleil qui brille pour les valides n’est pas le même que celui que voient briller les malades. Je l’ai vécu quelques semaines, et grâce à Dieu, à la médecine, au destin, aux trois?, seulement quelques semaines! Mais j’ai entrevu cette vérité, je sais de quoi je parle!

Mon but n’est pas de culpabiliser qui que ce soit, d’attirer l’attention, d’appeler à quelque comportement ou d’interpeler qui que ce soit, sur quelle cause que ce soit. Cet article est égoïste, thérapeutique. Il est pour moi! Et pour te dire revoir, toi qui es parti.  

Crabe, je te hais!

 

 

(Et vous qui ne commentez jamais rien, ou pas grand chose, soyez sympas, ne commentez pas cette fois non plus!)

 

 

 

 

 

 

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  • J’ai travaillé en été quand j’étais étudiant à Nice pour le transport en ambulance des malades vers le CAC (Antoine Laccassagne, orthographe non garantie). Ca me permettait de payer mes études…
    A cette occasion, j’ai acquis une haine et une trouille de cette maladie qui fait que je ne peux même pas exprimer ce que je ressens à ce sujet.
    Ca sera mon seul commentaire sur ce thême, hormis la compréhension de la situation que tu as vécu personnellement, Anne, et que tu vis à ce jour…

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    • Oui c’est terrible. Limite phobique pour moi. Je vais demain matin encore aux obsèques d’une amie qui a lutté contre cette saleté pendant six ans, en vain! ça n’arrête pas!

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  • Inutile de te dire que j’ai compris tout de suite et que mon coeur s’est arrêté quelques secondes juste pour être au diapason du tien. Cette saleté de maladie nous touche tous directement ou indirectement mais efforçons nous de ne pas en avoir (trop) peur (écrit l’hypocondriaque que je suis). Ne minimisons pas les progrès de la médecine, de la prévention, du dépistage et des traitements. Ils sont réels. Je sais tout ce qui se passe dans ton coeur et dans ta tête en ce moment. J’entends le premier battre tristement et je ne peux rien faire pour te soulager mais je te fais juste un baiser sur le front pour calmer la tempête derrière.

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